lundi 8 février 2010

Voyager avec René Char (suite)






Mon inaccompli bourdonne d’essentiel.

Nous découvrons nos forces trempées de la sève de notre exil au monde de l’humain .

« Vie, où est ta victoire ?
- Dans celle-ci. Sur celui –là
- -Je sais, amie, que l’avenir est rare. »
René CHAR

Ecorces et jeunes feuilles d’érables ont des égards pour ce ventre héraldique ! dans les saunas sauf quelques femmes coquines aimeraient y toucher alors elles fouettent les fesses dans la fumée des pierres chaudes où une verse frénétiquement l’eau, la chaleur nous suffoque , nous chantons pour nous encourager , dans le trou dans la glace dans le lac nous allons faire trempette . Faire le bain .

Le divin à égoutter et dépêcher ses baumes et ses onctions salvateurs.

Il faut deux rivages à la vérité :
Des chemins qui boivent le brouillard qui gardent intacts nos rires heureux, nos pleurs de félicité.
La verve folle comme un torrent à la fonte des montagnes, des eaux glacées sur lesquelles j’ai dansé et frémis de peur et d’effroi.

Maintenant réchauffée des caresses inattendues du SOUK entre Moon et Sun ; mes qualités ont trouvé acquéreur heureux d’elles. Quitter les adjectifs mutilateurs

( LA suite )éditer sur le blog samedi 7 Février .

… leur source dans mon désir tari. Quelques sérosités, la terre des reins cassés, nous prenons soin à maintenir tout cela a un lieu de nous.

La neige n’accourait plus dans les mains des enfants. Elles s’amassaient et enfantaient sur notre visage devenu nordique des sourires ; dans cette nuit exiguë.

C’était pas vraiment la saison pour visiter la Mongolie- les jours sont si courts à peine là déjà partie comme la présence d’un président, d’un maire ou la visite d’un chirurgien. Pas tous.

Nous ne distinguions pas ce qui naissait. Etincelle d’origine inconnue, palpable. Un transfert inattendu, j’ai eu si mal à avoir une relation transférentielle avec mes psychanalystes, avec du recul je réalise qu’enfin ma relation à l’autre , l’Autre est enfin restaurée . Un des fruits de ce voyage.

Quelle aventure que cette Mongolie !

Les qualités que nous avons développées dans le désert urbain fait du voyage une félicité. Quand nous rentrerons à Paris nous ne pourrons vivre qu’en programmant un autre voyage, . . .

Le vaste silence ne se brisait pas, la vie s’y lisait éclairée.

Elle sait qu’un jour ou l’autre Fransèva frappera du regard, elle dessinera dans les yeux de l’autre, des autres, cet amour qui jusqu’à ce jour ne s’était livré à elle et lui ombrait sa ceinture, encaissée des alluvions de ce manque, des déserts y étaient accrochés et brinquebalaient avec de temps en temps le chant des youyoux des femmes pleureuses du Haut Atlas. Elle les avait fréquentées lors des ses chevauchées d’alpiniste.

S’éloigner, se courber fermement son aurore dans le dos, aux lentes péripéties d’une montagne aimée.

Rien ne demeure longtemps identique, combien de fois Christine lui avait rappelé.

Sergueï après le dîner du soir l’avait suivi dans sa cabine, leur confidence avaient rendu leur nuit plus épaisse ; elle l’avait installé dans la cabine du bas, elle s’était allongée dans la couchette en diagonale celle plus haute , dans son coin bibliothèque il avait pris un livre « Aromates chasseurs » de René Char et Sergueï lentement avait lu à haute voix . Elle écoutait, elle écrivait.

Quand il eut fini sa lecture, il lui offrit un tic tac comme dans un spectacle de Pina Baush il rappela l’image et dit : « le tapis mentholé pour un baiser ».

Elle dit oui,

elle avait vu ce spectacle en Allemagne,

elle était devenue la maîtresse de Milan, un des danseurs des 15 OOO œillets,

discrets ils turent la nouvelle mais elle s’était répandue comme une traînée de poudre dans le festival à Munich et cela avait suivi en Avignon.

Jamais sans elle. Quand il la perdait dans la foule, elle l’observait , il scrutait méthodiquement chaque rangée de gens. Au verger dans le dos du Palais des Papes quand Pina discutait avec le public, il était assis prés de Pina. Nous ne nous quittions pas du regard, c’est là qu’il fit parler le plus d’eux, il l’avait perdue une fois de plus , il la cherchait comme un fou quand il la vit, il la porta à bout de bras et la garda après sur son dos.

Tout le monde parlait de cet incident, il lui réservait toujours une place en premier rang du palais. Nous nous retrouvions à la sortie des artistes alors, il lui confiait ses bandages, ses fioles d’huiles de massage. Dés que nous passions la guérite du gardien de nuit de l’hôtel , il disait en la présentant : « ma masseuse » ! A six heures du matin il fallait déguerpir. Pina ne supportait pas que ses danseurs fassent des folies en chambre. Ne pas se faire voir des autres danseurs.

Elle descendit s’asseoir prés de Sergueï, elle lui lit son écrit :

-J’ai picoré les mots de René Char en votre lecture. Il a nourri mon fleuve souterrain. Il dit si bien mon voyage. Notre voyage.

Ils étaient blottis l’un contre l’autre comme des pigeons sur une branche une nuit d’hiver , dans le silence entre les fragments, elle s’accrochait à la chaleur transmise par sa joue sur le pull de laine de lama de Sergueï , c’était bon comme enfouie toute entière dans un édredon .

Après la lecture, un grand silence les enveloppa, un grand sourire ils échangèrent.

Elle dit :
Je trace la route .
- Ma fille disait aussi cette phrase là !

Les yeux de Sergueï libérèrent des grosses larmes bleues comme les rives de ses yeux, elle lui prit la main, la caressa.

Il lui parla de sa Claire jusqu’à la clochette du petit déjeuner.

A Varsovie Franséva avec Ivan avait recherché le marché où Thomas Bernhard avait trouvé le petit gilet en peau de mouton de Lermontov tant cité dans « La société de chasse » quand l’écrivain ouvrait et fermait la fenêtre dans l’appréhension de faire naître un aphorisme.

A suivre

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