jeudi 28 février 2013

andrée Chedi pour le printemps des poétes 2008 et ma photo "bons bavardages"


 
c'était les texte du printemps des poéte 2008
thème était couleur femme
ainsi en l'appelant du fond des mots je suis sur que le printemps va nous envoyer un peu de soleil pour la fin de la semaine

savourez et très belle journée

la photo est de moi j'avais trouvée delicieux l'entente de ses 4 femmes   bavardant sur ma petite presqu'ile du Golfe du Morbillan 

L'Autre
 
               "Je est un autre"  Arthur R.

À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l’Autre
J’aperçois au loin
La femme que j’ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l’intérieur
D’une conscience évanouie
J’explore son regard
Comme ses nuits
Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d’autres domaines
J’invente mon langage
Et m’évade en Poésie
Retombée sur ma Terre
J’y répète à voix basse
Inventions et souvenirs
À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l’Autre.
Andrée Chedid 
(Poème inédit pour Le Printemps des Poètes - Éloge de l'autre - 2007)

Cet instant
Avec mon sang aux mille oiseaux
J'ai marché tout au long de la terre
J'ai ri de l'argile
J'ai renié le temps
J'ai su parler à l'étranger
Avec mon sang couleur de jour
J'ai dit oui à la mort et à son innocence
J'ai refusé la nuit.
Andrée Chedid
 ("Textes pour un poème" - Éditions G. L. M.- Paris, 1950 et Éditions Flammarion 1987)
 
Je m'écris
J'interprète une page de vie
J'en use comme plaque de cuivre
J'ai la grène de plaisirs
Je la crible d'années
Je la saisis en verte saison
Je la racle de nuit d'hiver
Je la ronge en creux d'angoisses
Je m'y taille espace libre
Je l'attaque en matière noire
Je progresse d'épreuves en épreuves
Je la creuse en vaines morsures
Je la burine d'émotions
Je l'entame
Pour nier le temps
Je m'écris pour durer
Andrée Chedid 
 ("Rythmes " -  éditions Gallimard, 2002)
Gordon Hopkins
       
Jeunesse
Jeunesse qui t'élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
Plutôt qu'elles ne te rongent
Garde-toi des mots qui se dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain.
Andrée Chedid 
(texte "Tant de corps et tant d'âme", dans le recueil "Poèmes pour un texte 1970-1991", éditions Flammarion, 1991)
    Gordon Hopkins 

    
Trois mouettes
Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit
Le goût des jardins sur les choses

La verte étoile d'un étang
Le rire bleu de la barque
La froide racine du roseau

Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit

De l'aube entre les doigts
De l'ombre entre les tempes

Je te donne trois mouettes
Et le goût de l'oubli.
Andrée Chedid 
("Textes pour un poème", 1950 et "Fêtes et lubies" - éditions Flammarion,1972 et 1996) 
        
Brève invitée
Ma lande mon enfant ma bruyère
Ma réelle mon flocon mon genêt,
Je te regarde demain t’emporte 
Où je ne saurais aller.

Ma bleue mon avril ma filante
Ma vie s'éloigne à reculons,
A toi les oiseaux et la lampe
A toi les torches et le vent.

Mon cygne mon amande ma vermeille
A toi l'impossible que j'aimais
A toi la vie, sel et soleil,
A toi, brève invitée.
Andrée Chedid 
("Seul le visage", 1960 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)
         
La saison des herbes
L'air est libre

Les chemins sentent l'orange
Le soleil s'allonge en robes* de safran

C'est la saison du rire et des herbes

Ô mon amour aux cent patiences
Ce soir tout est une première fois.
* "robes" est au pluriel
Andrée Chedid ("Textes pour la terre aimée", 1955 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)          

Extraits du recueil "Terre et poésie" :

 La poésie est naturelle.  Elle est l'eau de notre seconde soif.
Andrée Chedid ("Terre et Poésie", texte 4 du chapitre 2 - Éditions GLM - 1956)
Nous avons beau - comme l'arbre qui est né sage - soupçonner les grimaces du destin, nous n'avons pas encore appris à sourire des simples blessures du coeur.
L'orage nous terrasse, entame la chair même du bonheur.
Mais, l'eau nouvelle est l'invention des matins.

Andrée Chedid 
("Terre et Poésie", texte 11 du chapitre 3 - Éditions GLM - 1956)


Gordon Hopkins 
         
Arbres
Je sais des arbres
Striés de leur corps à corps avec les vents
Et certains dont les têtes résonnent
Des contes de la brise
                         
D’autres solitaires et debout
Défiant le sol renégat
Et d’autres qui se ressemblent
Autour d’une maison grise
                            
Je sais des arbres
Qui s’humilient au pied des eaux
Pour l’amour de leur image
Et ceux qui secouent d’arrogantes chevelures
À la face du soleil
Je sais des arbres
Témoins de très anciennes naissances
Et qui redoublent de racines
J’en sais d’autres qui expirent
Pour un frôlement d’aile
Je sais des arbres vains et qui ne sont
Que feuilles
Tous ils ont trop vécu
Sur la terre des hommes.

Andrée Chedid 
("Textes pour une figure, 1949" et "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)
Gordon Hopkins

 
A quoi joue-t-on ?
Que faisons-nous d'autre
Que jardiner nos ombres,
Tandis qu'au loin
crépite et s'évade l'univers ?

Que faisons-nous d'autre
que visiter le temps,
Tandis qu'au près
s'architecture notre mort ?

Que faisons-nous d'autre
que rogner l'horizon,
Tandis qu'au loin
qu'au près -------- :

              le grand heurt.

Le combat délivre
J'ai racheté la nuit
Avec une cigale
Avec un coq
À la crête foudroyée

J'ai ramoné la nuit
Au surplis de l'aube
Par un essaim de rêves
Je l'inquiétais

J'ai escorté la nuit
Pour me faire à ses plages
J'ai tailladé l'ardoise
Avec le cri

Mais la nuit est la nuit
Et la nuit demeure
Sa part de jour
Encore en sa nuit.

Andrée Chedid 
("Double-pays", 1965 - repris dans "Textes pour un poème - 1949-1970 " - éditions Flammarion, 1987)          


Et ce texte du recueil "Fraternité de la parole", recueil que présente ainsi l'auteure :

"Surgie du tréfonds, vêtue de mots, de langues, quelque part la parole nous soulève et nous réunit. [...]

 
Ces textes s'obstinent à forer le chemin des ressemblances, à dénombrer les preuves d'une terre commune, à dévoiler les traces d'une fraternité [...] "

Le parcours
D'obstacles en terrasses
De rameaux en ténèbres
Le parcours est sans pitié

Va      main à main
avec tant d'autres
Leur feu      ton feu
seront alliés

Avance
La terre prendra ta forme

Elle n'abolit que les miroirs !
Andrée Chedid 
("Fraternité de la parole", éditions Flammarion, 1976)

j'espère que ces mots vous auront offert plaisir et petite jubilation comme une morsure d'aurores belle journée à vous  frankie

8 commentaires:

  1. Bonjour Frankie
    Quel plaisir de retrouver Andrée Chedid ce matin
    je me souviens bien de ce printemps des poètes où elle était à l'honneur.
    cette année c'est le thème des "voix du poète" nous avons une soirée prévue le 23 mars.
    bises et bonne journée

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  2. Un bonheur ce matin de trouver autant de merveilles chez toi avec Andrée Chédid que j' adore...Un vrai plaisir..Merci Frankie
    Bisous d' un matin gris

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  3. Peut être un jour Andrée Chédid m'aidera à te trouver sur ta presqu'île du Morbihan...

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  4. merci chéres adorables dames, oui par les matins gris nous avons besoin de hauteur auteure dans la simplicité entendre le soufle des choses baisers de mon atelier qui voudrait bien être dans le vent de bretagne

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  5. Le soleil brille aujourd'hui, mais les mots d'Andrée Chédid sont un baume pour le coeur. Merci une fois encore, Frankie! Très belles illustrations de ce peintre que je ne connaissais pas!

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  6. J'admire Andrée Chédid et je te remercie d'avoir repris tous ces poèmes !

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  7. De très beaux textes, merci Frankie, bisousXXX.

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  8. De la grand-mère au petit-fils cette famille Chedid est créatrice depuis trois génération et l'écriture d'Andrée est la source de tout. Quelques rayons de soleil du sud-ouest à vous tous pour finir la semaine et bien commencer mars !

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